Outil

Un outil est un instrument utilisé par un être vivant directement ou par le truchement d'une machine afin d'exercer une action le plus fréquemment mécanique ou thermique sur un élément d'environnement à traiter.



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Outil - Technologie

Un outil est un instrument utilisé par un être vivant directement ou par le truchement d'une machine afin d'exercer une action le plus fréquemment mécanique ou thermique sur un élément d'environnement à traiter (matière brute, objet fini ou semi-fini, être vivant, etc). Il perfectionne l'efficacité des actions entreprises ou donne accès à des actions impossibles autrement. Énormément procurent un avantage mécanique en fonctionnant selon le principe d'une machine simple comme par exemple le pied-de-biche qui exploite le principe du levier.

L'outil peut être compris comme un prolongement du corps, un intermédiaire d'action, ou alors comme une prothèse dans le sens où il remplace (ou même crée) un membre ou un organe[1]. Pour Michel Serres, l'homme est un animal despécialisé et l'outil qui prolonge sa main le spécialise spécifiquement.

Selon cette définition, outil serait presque synonyme d'objet technique. Cependant, le langage familier réserve ce terme aux objets portables, interchangeables : ainsi, la faux est un outil, mais la moissonneuse est une machine, la perceuse électrique portable est un outil, mais la perceuse à colonne d'établi est déjà une petite machine-outil.

Le domaine d'application limite aussi l'usage du terme outil :

Cependant ces limitations sont peu précises, le terme outil reste un terme du langage familier pouvant difficilement s'utiliser pour définir une catégorie technique précise.

Par extension, le terme outil peut s'appliquer à des outils virtuels :

Le choix d'une matière ou d'une forme pour un objet finalisé, pour le rendre apte à remplir sa fonction, n'en fait pas pour tout autant un outil. Un clou, par exemple, objet finalisé à la forme étudiée, fabriqué en matière had hoc, n'est pas pour tout autant un outil, par contre le marteau qui l'a planté en est un. L'outil, est un objet qui après avoir servi, revient dans la boîte à outil. Le clou, quant à lui, reste dans l'objet dans lequel il assure une liaison.

Les outils rudimentaires ou primitifs supportent mal cette caractéristique. Le promeneur qui ramasse une noix sur le chemin et qui la casse avec une pierre a-t-il utilisé un outil ? Pourtant, quoiqu'abandonnée, ne revenant dans aucune boîte à outils, la pierre a gardé sa capacité "casse-noix" mais elle est "définalisée". Une noix rencontrée plus loin utilisera une autre pierre. Si les pierres se font rares, le promeneur conservera celle qu'il aura fini par trouver, et là on a déjà un début d'outil, tandis qu'avant, tout au plus peut-on parler d'instrument.

À l'autre extrémité, le dispositif économique de consommation tente de rendre l'outil le plus éphémère envisageable. Le «jetable» en retournant à la poubelle plutôt que dans la boîte à outils rend la caractérisation complexe…

L'outil de toutes façons vieillit et finit à la poubelle, par ce qu'on peut appeler d'une façon générale l'usure. Usure plus ou moins rapide : du ciseau dont la lame diminue à chaque affûtage, mais qui dure des années, à la ceinture de sécurité des voitures qui "s'use" (se distend définitivement) à la première sollicitation.

Une femelle gorille utilisant un outil (ici un bâton) pour se stabiliser dans une zone marécageuse et ainsi ramasser de sa main libre des herbes aquatiques (2005)

Énormément d'anthropologues considèrent que l'usage d'outils, facilité par la bipédie, a joué un rôle déterminant dans le développement de la lignée humaine.

Cependant l'observation montre que différentes espèces d'animaux (essentiellement de l'ordre des primates dont font partie les humains, mais également des oiseaux, les loutres de mer et mais aussi quelques insectes comme la fourmi couturière -Œcophylla-) en utilisent.

Ainsi on a pu observer des singes utiliser :

  • des bâtons pour attraper des fruits, des insectes ou mesurer la profondeur d'une mare pour savoir s'ils peuvent la franchir
  • des cailloux pour casser des noix ou des coquillages

Cependant, il ne s'agit que d'outils rudimentaires, circonstanciel et non pérennes, par conséquent plutôt simplement d'instrument, comme indiqué au paragraphe précédent. Mais :

  • L'habitation de nombreuses espèces animales forme une véritable fabrication finalisée, quelquefois pérenne comme le nid de certains oiseaux (qui retrouvent leur nid d'une année sur l'autre)
  • les barrages de castor peuvent difficilement être reconnus "outils rudimentaires" : quoiqu'ils le soient d'un point de vue fonctionnel, ils sont pérennes et en particulier entretenus.

Seul l'humain fabrique des outils particulièrement élaborés, les conserve entre deux usages et les fait évoluer dans le temps. On parle quelquefois d'Homo faber pour souligner cette caractéristique principale de l'homme.

Les armes sont sans doute parmi les premiers outils, que l'Homme ait fabriqué. Outre leur importance intrinsèque pour la survie et la protection de l'espèce, cette classe d'outils a la particularité d'être utilisée en marchant ou en courant, face à un ennemi ou à la poursuite d'une proie, par conséquent debout, tandis que les autres outils primitifs ne pouvaient être utilisés qu'en position assise ou du moins statique.

Ainsi, la station debout, la spécialisation des membres, et le développement de la main de l'Homme, sont peut-être liés à l'aptitude à la violence de ses ancêtres (ceci est une hypothèse discutée, voir par exemple la théorie de l'origine côtière de l'homme, qui forme une autre hypothèse).

Depuis qu'ils vivent, en groupe, puis en société, les humains se sont partagés les tâches et par conséquent spécialisés en fonction fréquemment de leur aptitudes naturelles ou des besoins du moment. Cette organisation a permis à l'humanité de conserver, de divulguer, et par conséquent de faire évoluer les techniques de fabrication des outils.

L'outil est une marque de la sédentarisation des peuples. Le nomadisme impose une restriction en volume et en quantité d'objets à transporter. Il est par conséquent vraisemblable d'imaginer que le passage de chasseur-cueilleur à celui de l'agriculteur ou éleveur ce soit produit dans la même période. On peut effectivement penser que l'agriculture a obligation des outils aisément volumineux.

Pour Jacques Grinevald, la révolution carnotienne qui entraîne le basculement dans une société thermo-industrielle avec l'utilisation massive de l'énergie fossile (charbon puis pétrole) [3] forme un tournant décisif. Désormais la «puissance du feu» permet l'avènement d'une machine nouvelle, construite autour d'un moteur et qui forme une bifurcation dans l'histoire de l'outil, en servant à s'affranchir de la force motrice de l'homme ou de l'animal.

L'outil est un moyen autorise son utilisateur un rapprochement avec son désir. Nous sommes passés des outils qui sont un rapprochement de nos mouvements (la massue, le laser, etc. ), à des outils automatisés pouvant fonctionner sans la présence de l'Homme (les robots, les machines-outils, ou les ordinateurs) prolongeant ainsi notre volonté.

Vu que le plaisir provoque un apaisement en nous, l'accomplissement de ce dernier est facilité par l'outil. Ainsi, l'Outil Suprême serait celui qui à l'extrême : «ferait ce qu'on voudrait en appuyant juste sur une touche». Cette volonté d'accomplissement liée au désir est un principe qui a fait la force de l'Homo sapiens et probablement ses ancêtres.

  1. το ὄργανον veut dire d'ailleurs en grec'outil'.
  2. le mot outil vient du bas latin usitilium, corruption du latin classique ūtensilia.
  3. J. Grinevald, «La révolution carnotienne : thermodynamique, économie et idéologie», Revue européenne des sciences sociales, n°36, 1976 in Alain Gras – Fragilité de la puissance.

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